" ce qui rend un animal vivant : c'est une accumulation de détails ; tant dans la matière que dans la couleur, la forme ou le mouvement..."
Emilie Gavet est une sculptrice plasticienne née en 1986 à Villeneuve Saint Georges.
Titulaire d’un DNAT (diplôme d’art et technique) en design d’espace, obtenu aux Beaux-Arts du Mans en 2010 et d’un DMA (diplôme des métiers d’arts) en céramique artisanale à l’Ecole d’Arts Appliqués Duperré à Paris en 2012.
Toujours frustrée par les différentes techniques de dessin car « il manque toujours quelque chose : une profondeur, un mouvement, une nuance dans le regard... »
Elle s’oriente très rapidement vers le travail en volume et plus particulièrement celui de la terre.
Ses stages auprès de Nathalie Domingo, Alexis Duclos et plus particulièrement dans les ateliers de fabrication de la Manufacture de Sèvres ont eu un impact décisif.
Travail de la barbotine de porcelaine, tournage de la faïence et de la porcelaine ou encore estampage, coulage et sculpture de la porcelaine : ils lui permettent de découvrir plusieurs techniques et champs possible des terres.
Passionnée depuis toujours par le monde animal et les émotions qu’ils suscitent, sa rencontre avec Zlatko Glamotchak en 2011 et les cours de sculpture qu’elle suivra sous sa tutelle à l’atelier Chemins de Terres seront déterminants et lui permettront de donner à son travail la profondeur et l’acuité qu’elle veut transmettre.
"Dans la masse ou par ajout de matière, suspendue ou encrée sur un support, la terre est un matériau généreux pour exprimer tout ce ressenti. Tantôt soumise et libre, tantôt résistante ou cassante aux mêmes limites que la chair ou les muscles des animaux. Elle reste soumise à l’air qui l’assèche, la rend friable et fragile comme le temps qui passe".
Son travail s’oriente principalement vers la sculpture animalière figurative même si parfois comme elle aime à le dire "l’humain fait une percée et fusionne au corps de l’animal".
En 2013, grâce à l'Atelier Chemins de Terres à Montreuil, elle participe aux ateliers libres mis en place par Thierry Fouquet pour aider les jeunes céramistes à s'installer.
En 2014, elle s’installe au Mans et y ouvre son premier atelier.
En juin 2017, elle participe au Salon international Arts Nature d'Ainay le Vieil et répond, en juillet, à une annonce de la Mairie du Châtelet. Elle y ouvre un Atelier et une Boutique au Village Potier Les Archers.
En 2021, elle déménage dans l'Allier (03), dans la petite cité de caractère d'Hérisson et ouvre son Atelier-Boutique au 11 rue Davenière. C'est le début d'une nouvelle aventure avec l'ouverture de cours pour tous à partir de 7 ans.
DEMARCHE
Omniprésent dans mon quotidien : dehors, dans les pages des livres, des romans, des films ou des reportages télévisés. Les animaux ne m'ont jamais quittée. Compagnons éphémères mais toujours présents tantôt indomptés, destructeurs et sauvages tantôt civilisés, sensibles et familiers, ils m'ont toujours fascinée.
La découverte du travail de Pierre Louis Rouillard et plus particulièrement "Cheval sur la herse" m'a fait entrevoir l'essence de l'animal. Ressentir l'émotion brute, le refus pur et dur de céder sans se battre. Cette animalité brutale, frontale m'a toujours interpelée et envoutée. Son travail m'a fait comprendre qu'on pouvait la transmettre, la partager et la rendre palpable.
Plus tard, j'ai découvert le travail de Jeanclos ; j'ai été transportée par l'aspect brut de la terre, sa texture, la douceur et le réalisme des visages de ses personnages. Ils m'ont captivée tant par leur force tranquille et leur douceur que par la douleur sous jacente qu'ils semblaient contenir et cacher.
Ce n'est que bien plus tard que j'ai compris ce que m'avait apporté ces découvertes. Elles m'ont fait comprendre que l'important pour moi, ce n'est pas de créer une forme et de la rendre cohérente mais de transmettre une émotion qui prend vie par l'ajout des détails qui l'a constitue, lui permette de grandir et de s'échapper.
J'ai choisi les animaux car j'aime appréhender la complexité d'un corps qui n'est pas le mien. Comprendre la présence des muscles et des os, appréhender leur mouvement, sentir la tension se propager, percevoir son effervescence avant le point de rupture, ressentir cette force brute, lâcher la bride à son contrôle, saisir le mouvement qui, d'une seconde à l'autre, permettra à l'animal de sortir de son immobilisme et de s'animer sous nos yeux. Aller au plus près du réel.
Traduire l'animal dans sa réalité avec ses forces et ses faiblesses. J'aimerai interpeller le regard des gens et rendre tangible la valeur de la beauté de la vie animale et la nécessité de sa protection.
La terre est un matériau généreux pour exprimer tout ce ressenti. Tantôt soumise et libre, tantôt résistante ou cassante aux mêmes limites que la chair, les muscles ou l'essence des animaux. Elle reste soumise à l'air qui assèche le matériau : le rend friable et cassant comme le temps qui passe.
Je colorise mes pièces avec des engobes et des émaux que je réalise moi-même, mais aussi parfois avec une patine à froid en fonction du projet.
PUBLICATIONS
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"Bestiaire - Sculptures animalières" de Nicole Crestou, (2015)
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"Art Animalier - Les animaux en voie de disparition dans l'art contemporain" aux Éditions Abbate-Piolé (2016)
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Maison & Jardin magazine, numéro de décembre (2018)